Le livre et le développement de l'enfant

« Naguère Eve Malmquist […] étonna par son initiative de compter le nombre de livres présents dans la famille et de le mettre en relation avec l’apprentissage de la lecture par les enfants. […] Il y a une très grande différence entre l’enfant qui naît entouré de livres et l’enfant qui naît dans un désert de livres. Pour le dernier, le livre interviendra comme ‘’livre de classe’’ et c’est tout dire. Pour le premier, le livre intervient bien avant l’apprentissage de la lecture. L’enfant regarde sur les genoux de ses parents, puis seul, des livres avec des images à propos desquelles on lui raconte des histoires et il fait des commentaires à sa façon. Il redemande la lecture de ses histoires préférées et proteste si l’on change un mot.[…]

 

Derrière l’intérêt pour les livres, il y a deux maniements différents du langage oral. Chez les uns on parle dans le contexte de la situation, des actions en cours : mouche ton nez, mange ta soupe, ouvre la porte, etc. Chez les autres on parle ‘’pour rien’’, gratuitement ; le langage du récit parle d’histoires au passé : ‘’il était une fois'' […] et introduit un vocabulaire tout autre, une syntaxe complexe, une réflexion sur les formulations, bref une attitude métalinguistique. »